LOIN DE TOI.
Loin de toi, chéri, mon cœur gémit et pleure.
Loin de toi, mon âme égarée se meurt
Comme une terre desséchée sans pluie
Loin de toi, ami, mon sourire sombre dans la nuit
Nid des rapaces aux aguets inassouvis.
Loin de toi, Amour, l’arc en ciel est sans couleur
Les parfums sans odeurs et les jours douleurs
La vie morose, les roses fanées
La vie inerte, le mouvement paralysé
Loin de toi, mon petit, les rêves sont noyés
Les mots étranglés et plus de pensées.
Samia Lamine©2008
Celui qui n'avait jamais vu la mer. JMG Le Clézio.
LE CADRE TEMPOREL.
UNE DATE : A la fin du mois de septembre- au début de l’hiver- quand les élèves se sont réveillés –
(Les seules précisions temporelles ancrant les évènements dans le temps)
LA DUREE :
AVANT LE VOYAGE : (37 Lignes)
Le narrateur, au début de la nouvelle, résume les premières années de la vie de Daniel jusqu’aux préparatifs du voyage en 37 lignes. (.environ 15 ans en 37 lignes)
APRES LE RECIT DU VOYAGE : (37 lignes)
Les 37 dernières lignes évoquent la durée de l’aventure de Daniel « qu’a t-il fait tous ces jours, tous ces mois ? » et elles résument aussi en quelques lignes ce qui s’est passé au collège pendant l’absence de Daniel : la réaction et l’attitude des adultes, l’inquiétude des élèves et leur complicité secrète avec Daniel dont la fugue suscite leur intérêt.
LE VOYAGE / QUETE : (373 lignes)
L’absence de Daniel a duré des mois sans précision aucune. Les mois évoqués ne peuvent être comptéS vu le manque d’indices. Ce qui est évident c’est que la clausule nous resitue au collège. Donc, ou bien l’année scolaire n’est pas terminée ou bien c’est d’une autre année scolaire qu’il s’agit.
Par ailleurs, si on suit le cycle du soleil, on croirait que l’aventure aurait duré deux jours :
· « la nuit à bord d’un tain)- le départ-(l 77) :
33 lignes- une nuit
· « Quand il se réveilla, le soleil était dans le ciel » (L100) :
111 lignes- une journée = dilatation du récit .
· « pendant le reste de la journée ( L211)……… .dans la grotte- ligne215) :
5 lignes –une nuit .
· « quand la lumière du soleil apparaissait…. Il se levait et sortit de la grotte » (L 220) : 189 lignes - Une journée = dilatation du récit
· « la lumière du soleil baissa lentement comme une flamme qui s’éteint » (ligne 409) la nuit arrive.
12 heures +12heures+12 heures+12 heures = 2 jours
Or, l’emploi de l’imparfait et d’autres indicateurs temporels tels que « comme chaque jour » (188), « pendant les premiers jours » (L186), « depuis des jours » (L189), "les premiers jours » (L215) montrent que le narrateur raconte une fois ce qui s’est passé plusieurs fois. Ceci permet de dire que la quête a duré plus que deux jours.
LES ANALEPSES: ( au plus que parfait)
· P 183 « il n’avait rien dit à personne… » les préparatifs-(6 lignes)
· P184 « cela faisait plusieurs jours qu’il n’avait pas dormi. »
· P185 il avait imaginé…. »
· P187 « c’était lui que Daniel avait connu tout de suite le premier jour….. » (la rencontre avec le poulpe) (une trentaine de lignes)
LE DISCOURS DIRECT :
Plusieurs interventions directes du personnage permettent de raconter une fois ce qui s’est passé une fois. « La mer ! La mer ! » (2 fois)- « bonjour Wlatt »- et l’interpellation des vagues « Viens ! Monte…. » (174)-(175)-(177)
Constatations :
1) Une seule date.
2) Une durée apparente de la quête (2 j) et une durée réelle (plusieurs mois imprécis).
3) Une dilatation du récit à plusieurs reprises permet de vivre avec le personnage les moments les plus intenses de son expérience affective et l’interaction de son être avec l’espace.
4) Des analepses rétrospectives tantôt explicatives (les préparatifs du voyage- ) tantôt introspectives éveillées par un souvenir (la rencontre avec le poulpe- l’évocation de Sindbad (2 fois)-…
5) Le narrateur -élève est plus conscient de la durée car c’est lui qui évoque « les mois, les semaines »
Toutes ces remarques nous permettent de dire que le temps réel dans « Celui qui n’avait jamais vu la mer » est celui de la conscience.
EN EFFET, dans cette nouvelle, Daniel vit le temps à travers ses souvenirs, ses émotions, ses sentiments et ses impressions devant la beauté de la nature et le narrateur nous le fait vivre à travers son âme, celle du personnage qui vit comme en rêve cette expérience qui lui fait découvrir « le pays étrange » extérieur en même temps qu’elle le révèle à lui-même.
Bref, on peut conclure que dans cette nouvelle le temps dans « Celui qui n’avait jamais vu la mer » retrace l’activité psychique du héros qui se trouve en même temps en quête de l’espace et de lui-même.
La durée, la date importe peu pourvu d’y arriver et cela peut durer toute une vie : depuis les premières découvertes de l’enfant de 3 ans qui tâtonne les objets autour de sa mère en les mettant dans sa bouche en passant par les premières interrogations des adolescents sur le monde jusqu’à la découverte de soi comme on dit à l’age adulte. Encore faut-il avoir résolu les complexes, les névroses et tous les traumatismes accumulés et refoulés dans notre inconscient.
La quête de soi semble une tâche dure qui peut perdurer toute la vie sans que l’on puisse voir la mer par delà les dunes de sable à moins qu’on décide de ne pas suivre la politique de l’autruche et d’y aller sinon on risque de continuer toute sa vie dans la prison de l’angoisse comme les amis de Daniel attiré par l’aventure mais incapables d’en prendre le risque. Solution de facilité? Soumission au destin ou au réel ? Ou tout simplement peur de soi ?!
Samia LAMINE.
A lire aussi: Voir les liens ci-dessous:
La structure de la nouvelle de JMG Le Clézio: "Celui qui n'avait jamais vu la mer"
Le cadre spacial dans " Celui qui n'avait jamais vu la mer. (JMG Le Clézio)
Longue nuit où le silence ensilé anéantit
Mots des maux qu’on éteint comme une bougie
Envolement d’ailes enfouies qu’on abolit
Rêves brisés sur les noirs récifs assoupis
Désert sans mirage sans senteur sans mélodie
Ciel lourd qui s’abat sur l’aura du jour qui luit
Gouffre sans fond qui s'ouvre au fond de la nuit
Samia Lamine©2009
(Poème d'Aragon)
Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre
Que serais-je sans toi qu'un coeur au bois dormant
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre
Que serais-je sans toi que ce balbutiement
Comme au passant qui chante on reprend sa chanson
J'ai tout appris de toi jusqu'au sens du frisson
J'ai tout appris de toi pour ce qui me concerne
Qu'il fait jour à midi qu'un ciel peut être bleu
J'ai tout appris de toi sur les choses humaines
Et j'ai vu désormais le monde à ta façon
J'ai tout appris de toi comme on boit aux fontaines
Comme on lit dans le ciel les étoiles lointaines
Que le bonheur n'est pas un quinquet de taverne
Tu m'as pris par la main dans cet enfer moderne
Où l'homme ne sait plus ce que c'est qu'être deux
Tu m'as pris par la main comme un homme heureux
Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre
Que serais-je sans toi qu'un coeur au bois dormant
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre
Que serais-je sans toi que ce balbutiement
212 559 (Dernière mise à jour: 23.04. 2019)